Emission 69 : Alimentation, sociétés et imaginaires en Mésopotamie ancienne, avec Brigitte Lion

Soixante-neuvième numéro de Chemins d’histoire, vingt-septième numéro de la deuxième saison

Émission diffusée le lundi 5 avril 2021

Le thème : Alimentation, sociétés et imaginaires en Mésopotamie ancienne

L’invitée : Brigitte Lion, professeure d’histoire ancienne de la Mésopotamie à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, coautrice de l’Histoire de l’alimentation. De la Préhistoire à nos jours, Belin, « Références », 2021, un ouvrage dirigé par Florent Quellier (voir l’émission 68).

Le canevas de l’émission

Les sources pour une histoire de l’alimentation. Une documentation abondante mais sélective. Sources épigraphiques, archéologiques, iconographiques. Voir des tablettes, les plus anciennes découvertes à Uruk et datant de la fin du IVe millénaire. Les apports de l’archéozoologie et de l’archéobotanique. Exemple de l’huile locale, considérée comme huile de sésame (d’après l’idéogramme sumérien et le nom akkadien), idée remise en cause par l’archéobotaniste danois Hans Helbaek dans les années 1960… avant que les assyriologues n’en reviennent au sésame, en s’appuyant sur les données de la paléobotanique et de l’épigraphie.

Quels produits ? L’orge est le produit de base (fournit le pain et la bière ; circule aussi comme moyen de paiement). Le biais des sources : les produits vite périssables (lait, légumes) sont peu ou pas représentés. On connaît la consommation de dattes, de grenades, de figues, de pommes et de raisin. Lentilles, pois chiches et vesces sont attestés, de même que les oignons, les navets, les concombres et le cresson. Élevage : les animaux sont recherchés pour leur laine (moutons), leurs poils (chèvres), leur peau et leur lait. Vaches et bœufs sont surtout des animaux de trait. Les porcs sont élevés pour leur viande et leur graisse. Des élevages parfois surprenants (gazelles, rongeurs). La plus vieille poule d’Irak au IIIe millénaire avant Jésus-Christ. Des informations sur l’élaboration, la transformation des produits. Exemple de la bière d’orge (fabrication et conservation). Peu de recettes. Les travaux de Jean Bottéro (1914-2007). Des interdits alimentaires ?

Ce que manger en Mésopotamie veut dire. On possède des données sur les rations destinées aux travailleurs (Ignace Gelb, assyriologue américano-polonais, 1907-1985). Que disent ces données ? Les différences hommes-femmes. Lieux de sociabilité (le cabaret, les cabaretiers et les cabaretières, voir le Code de Hammu-rabi) et repas. Les repas du roi, les banquets. Parmi les représentations disponibles, l’étendard d’Ur, face de la paix (le roi d’Ur, gobelet à la main, magnifique coffre en bois recouvert de nacre et de lapis-lazuli, British Museum, p. 84-85).

Etendard d’Ur (face de la paix, IIIe millénaire av. J.-C.) et dessin d’après le vase d’Uruk (vers 3000 av. J.-C.)

Virgule

L’imaginaire de l’alimentation en Mésopotamie. Voir les récits épiques ou myth(olog)iques, dans lesquels nourritures et boissons proposées par les dieux ou connues des seuls héros immortels possèdent des pouvoirs magiques. Le mythe d’Adapa, l’épopée de Gilgamesh. La nourriture des divinités. Repas divins et circulation des offrandes. Présentation du vase d’Uruk en albâtre de la p. 99. Une source : le Livre de Daniel (le roi de Babylone, l’idole et Daniel, voir le chapitre 14 de ce livre). Nourrir les morts.

Un champ historiographique dynamique.

Quelques liens utiles

Un article publié par Brigitte Lion en 2013 et portant sur les cabarets à l’époque paléo-baylonienne ;

Un article publié par Brigitte Lion en 2009 et traitant de la nourriture des morts ;

Un article signé Brigitte Lion et Cécile Michel, article publié en 2006 et portant sur l’élevage des porcs ;

Brigitte Lion a participé à la rédaction de l’Atlas historique du Proche-Orient ancien, Les Belles Lettres, 2020 ;

Trois billets de Laura Battini (recettes anciennes, alimentation en Mésopotamie, moules à cake mésopotamiens, 2018-2020) ;

La page consacrée à l’exposition « Les tables du pouvoir », exposition proposée par le Louvre-Lens.

%d blogueurs aiment cette page :