Emission 115 : Hagiographie et mémoire au Moyen Age, avec Fernand Peloux

Cent-quinzième numéro de Chemins d’histoire, trente-quatrième numéro de la troisième saison

Émission diffusée le dimanche 29 mai 2022

L’invité : Fernand Peloux, chargé de recherche au CNRS (laboratoire FRAMESPA), auteur de Les premiers évêques du Languedoc. Une mémoire hagiographique médiévale, Droz, 2022.

Le thème : Hagiographie et mémoire au Moyen Age

Le canevas de l’émission

Sous les auspices de Luc Boltanski et de Pierre Bourdieu. Lecture d’un passage cité au début du livre et commentaire. Le « cercle herméneutique » de Fernand Peloux. Au cœur du livre, il y a la mémoire hagiographique. Inscrire la mémoire hagiographique dans son contexte. Aller chercher les saints dans toutes les sources disponibles (les vies de saints et les autres sources). Être sensible aux traces du discours hagiographique en dehors des pièces du dossier hagiographique afin d’essayer de mesurer l’ampleur du « champ historiographique ». Une entreprise de déconstruction ?

Retour sur l’hagiographie et son historiographie. L’hagiologie comme science sociale : de quand dater sa naissance ? Hagiographie et mémoire, hagiographie et présent du passé, des travaux plutôt rares.

Choisir ses dossiers. Pourquoi les saints évêques (saints et supposés avoir vécu avant 600) ? Sur quelle épaisseur chronologique ? Jusqu’au XIVe siècle ? Pourquoi le Languedoc et quel Languedoc ? Se tailler une « province hagiographique » languedocienne (p. 15). Des travaux sur le Languedoc importants.

Virgule

Premières traces d’une mémoire des saints évêques du Languedoc datent des Ve et VIe siècles, chez des auteurs connus et dans des textes bien datés (Prudence, Sidoine Apollinaire, Césaire d’Arles, Grégoire de Tours ou encore Venance Fortunat). De quelle période les premiers textes hagiographiques (anonymes) datent-ils ? Mise par écrit d’un récit relatif à un évêque fondateur, qui constitue toujours la figure de sainteté la plus ancienne. En Languedoc, de tels récits sont attestés dans les diocèses de Toulouse, de Narbonne, de Mende ou de Rodez. L’exemple de Saturnin et de l’établissement d’une mémoire martyriale à Toulouse. Voir les travaux d’Anne-Véronique Gilles-Raynal. Quel dossier hagiographique ? Un récit de la Passion, le récit de la translation et la compilation de ces deux récits en un même ensemble, avec prologue et conclusion. De quand date ce dossier ? Que dégager de ce dossier ? Un dossier où tout est à la fois authentique et imaginaire (p. 75). « Replacer le texte hagiographique dans son histoire littéraire et dans son contexte de production est donc une priorité. Quant à la figure de Saturnin, elle est imaginaire, et cet imaginaire, comme le rappelle Maurice Godelier, ‘n’est jamais pensé ni vécu comme imaginaire par ceux qui y croient. Au contraire, cet imaginaire est conçu et vécu comme plus réel encore que les réalités vécues par les humains au quotidien. Cet imaginaire-là, plus réel que le réel, est sur-réel’ ».

Le VIe siècle, un temps fort de la sainteté épiscopale dans le Languedoc. Voir la Vie de Paul de Narbonne ou encore le dossier hagiographique concernant saint Amans de Rodez. Fixer une mémoire des temps troublés, des Wisigoths aux Francs. Dans un contexte de profondes transformations politiques, les communautés chrétiennes fixent leur histoire par écrit.

Virgule

Que deviennent ces textes dans les siècles suivants du Moyen Age ? De nouvelles traditions hagiographiques s’ajoutent aux premières, jusqu’à ce que Bernard Gui (1261-1331) en adapte un grand nombre pour les intégrer dans le légendier qu’il compose pour l’ordre des Dominicains. Du IXe au XIVe siècle. Nécessité de faire des choix dans l’étude documentaire. Certains dossiers hagiographiques, arrimés au haut Moyen Age, voient leur composition finale achevée seulement au Moyen Age central. Exemples des vies de saint Firmin. Des récits sont également réécrits, de nouvelles figures sont promues, toujours plus près des apôtres. L’apostolicité, une arme pour le présent du Moyen Age central. Retour sur l’exemple de saint Saturnin. D’autres figures. Souvenirs de la royauté franque dans les vies de saints.

Exploration et approfondissement de la mémoire hagiographique à la fin du Moyen Age. Des conflits de mémoire existent. Exemple à Toulouse. Les saints de Saint-Sernin et de la municipalité (Exupère, Saturnin). Le contre-récit réutilisé dans la cathédrale : Martial, fondateur du christianisme à Toulouse.

Epilogue.

Un lien vers une autre émission

Voir aussi l’épisode 61 de nos Chemins d’histoire, avec Marie-Céline Isaïa, numéro consacrée à l’hagiographie au Moyen Age et aux Vies de sainte Geneviève.

Représentation du martyre de saint Saturnin, XIVe siècle, d’après la Légende dorée de Jacques de Voragine
%d blogueurs aiment cette page :