Emissions 92 et 93 : La pédocriminalité dans l’Eglise catholique en France depuis 1950, avec Philippe Portier

Quatre-vingt-douzième et quatre-vingt-treizième numéros de Chemins d’histoire, onzième et douzième numéros de la troisième saison

Émissions diffusées les dimanches 21 et 28 novembre 2021

L’invité : Philippe Portier, agrégé de sciences politiques, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, titulaire de la chaire « Histoire et sociologie des laïcités », nommé membre de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), dont la réunion inaugurale a eu lieu en février 2019, Philippe Portier qui a dirigé l’enquête socio-historique sur la pédocriminalité au sein de l’Église catholique en France depuis 1950, une enquête qui a nourri le rapport Sauvé, du nom de Jean-Marc Sauvé, président de ladite commission et vice-président honoraire du Conseil d’État.

Le thème : La pédocriminalité dans l’Église catholique en France depuis les années 1950

Le canevas des émissions

[Emission 92, épisode 1]

Philippe Portier (politiste, sociologue, historien, auteur d’une thèse d’État, Le Discours Politique de l’Église catholique (1958-1988), sous la direction de Philippe Braud, 1990, et de travaux sur la laïcité). Aux origines des choses. Jean-Marc Sauvé est nommé par la Conférence des évêques de France et la Conférence des religieux et religieuses de France à la tête de la CIASE, en novembre 2018. La lettre de mission reçue par Jean-Marc Sauvé (lettre de mission datée du 20 novembre 2018 et signée de Georges Pontier, archevêque de Marseille, président de la CEF, et de Sœur Véronique Margron, présidente de la CoRReF) : trois objectifs pointés dans cette lettre, faire la lumière sur les abus sexuels commis sur mineurs et personnes vulnérables depuis les années 1950 et jusqu’à aujourd’hui, étudier la manière dont ont été traitées ces affaires, en tenant compte du contexte, évaluer les mesures prises par la CET et par la CoRReF depuis les années 2000 pour faire toutes les préconisations utiles. Les « archives des diocèses et congrégations religieuses » sont déclarées accessibles et les auditions sont encouragées. Une commission indépendante et libre de ses actions, financée par l’Église. La composition de la CIASE est rendue publique le 7 février 2019. Elle comporte 22 membres, 12 hommes et 10 femmes. Quel profil ? Des « pointures » (Le Monde, 3 octobre 2021) dans leurs domaines (droit, sciences sociales, psychologie-psychiatrie, théologie du droit canon, travail social) mais pas de spécialistes des violences sexuelles sur mineurs dans l’Église catholique.

Les travaux et le fonctionnement de la Commission. Les groupes de travail (« victimes et réparation », « ecclésiologie, théologie, gouvernance de l’Église », « droit canon, droit civil », « évaluation des mesures prises par l’Église »). Pourra-t-on faire l’histoire du fonctionnement de la CIASE ?

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Les projets de recherche. 1-Une recherche socio-démographique, menée par une équipe de l’INSERM, sous la direction de Nathalie Bajos. Les témoignages au cœur des activités de la CIASE (appel à témoignage de juin 2019, France Victimes a reçu au total 3652 appels téléphoniques, 2459 mails, 360 courriers de 2738 personnes différentes, 1628 questionnaires renseignés, 69 entretiens de recherche, une mise en perspective avec une enquête menée sur les violences sexuelles en population générale). 2-Une recherche archivistique menée par Philippe Portier et l’EPHE. 3-Une étude socio-anthropologique, confiée à Laëtitia Atlani-Duault et la Maison des sciences de l’homme, réorientée vers une étude du traitement par la presse. 4-Une série d’entretiens avec des prêtres et un diacre, auteurs d’agressions sexuelles, étude menée sous la direction de Philippe Portier. Il faut ajouter une analyse de 35 enquêtes de personnalité et expertises psychiatriques issues des archives judiciaires. Il faut mentionner également de très nombreuses auditions : 73 auditions de représentants de l’Église catholique, 48 auditions qui ont permis d’entendre 67 personnes qualifiées, 174 victimes entendues par des binômes de représentants de la CIASE, membres ou membres associés, 20 auditions de prêtres et de séminaristes. Auditions à Paris et ailleurs.

L’expérience de la CIASE.

[Emission 93, épisode 2]

La recherche archivistique. Voir l’annexe numérique n° 28, Les Violences Sexuelles dans l’Église catholique en France (1950-2020). Philippe Portier et trois docteurs (en histoire, en histoire du droit, en science politique, Paul Airiau, Thomas Boullu et Anne Lancien, avec la participation de Corentin Bezin, Éléonore de Noüel, Frédéric Strack). Rapport très volumineux. Mise au point historiographique : en France et ailleurs. Les sources pour l’étude socio-historique de la CIASE. Questionnaire adressé (à partir de juin 2019) aux diocèses, aux ordres et congrégations membres ou non de la CoRReF et à des mouvements ecclésiaux. Le questionnaire définit l notion d’abus sexuel (« toute agression sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise (viol, agression sexuelle autre que le viol, inceste, exhibition et harcèlement sexuel), toute exploitation sexuelle (proxénétisme) ou toute atteinte aux mineurs (corruption de mineurs, propositions sexuelles à mineur, atteintes sexuelles sur mineur, fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique) »). Quel objet, quelle visée du questionnaire ? Les archives. Les témoignages (quel corpus ?).

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Les conclusions de l’enquête menée par Philippe Portier. Pourquoi revenir sur la question avant 1950 ? Quelques chiffres. 2900-3200 abuseurs sur 250 000 ecclésiastiques masculins et féminins soit 1.16- 1.28% des clercs ; 2900-3200 abuseurs allégués masculins sur 116 000 clercs masculins, soit 2.5-2,8% des clercs masculins ; environ 17 abuseuses alléguées sur 150 000 religieuses, soit 0.007% des religieuses. 4832 victimes dont les données sociologiques sont exploitées dans l’analyse du rapport. Périodisation et géographie. Profil des abuseurs et des victimes. La réponse de l’institution ecclésiale, des années 1950 (le secours sacerdotal, créé au début des années 1950) à aujourd’hui.

Un rapport qui intègre aussi une enquête sur l’éducation à la chasteté : pourquoi ?

Enfant pleurant, image dévoilée par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, le 8 novembre 2021

Quelques liens

Le site de la CIASE ;

Une série d’articles proposés par La Croix.

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