Quatre-vingt-onzième numéro de Chemins d’histoire, dixième numéro de la troisième saison
Émission diffusée le dimanche 14 novembre 2021
L’invité : Tom Hamilton, Associate Professor (Early Modern European History) in the Department of History, University of Durham, auteur de « Adjudicating the Troubles : Violence, Memory, and Criminal Justice at the end of the Wars of Religion », un article paru dans French History en 2020, récompensé, en 2021, par le Nancy Lyman Roelker Prize de la Sixteenth Century Society.
Le thème : Un procès au parlement de Paris au sortir des guerres de Religion
Le canevas de l’émission
Les travaux de Tom Hamilton, le livre Pierre de L’Estoile and his World in the Wars of Religion, publié en 2017 (Oxford University Press). Qui est Pierre de L’Estoile (1546-1611) ? Le Journal de Pierre de L’Estoile.
Un nouveau chantier de recherche (sans aucun doute en lien avec le précédent) : intérêt pour « the role of criminal justice in the legal culture of the old regime ». Intérêt pour une affaire particulière, qui fait l’objet de l’article paru dans French History et d’un certain nombre d’interventions et de publications. De quoi s’agit-il ? Le procès de Mathurin de La Cange, prévôt des maréchaux de Sens, pour des vols, pillages, meurtres tenus en 1590-1591. Le procès en question se tient devant le parlement de Paris en 1599-1600. Mathurin de La Cange est condamné à mort « pour vols, meurtres, ravissements de femmes et filles, et autres forfaits exécrables et excès en grand nombre perpétrés par lui ». Il est exécuté le 24 avril 1600, en place de Grève. Quels sont les faits et qui en sont les acteurs ? Les pièces du procès (Archives nationales, Archives de la préfecture de police de Paris) instruit en appel devant le parlement de Paris permettent de le savoir. La procédure a commencé devant le bailliage de Sens (1598) puis devant la cour de la connétablie (1598) avant que La Canche ne fasse appel (parlement de Paris). Les faits, tels qu’ils émergent de la procédure, ont lieu fin 1590-1591, dans le cadre de la guerre civile. Sens est alors tenue par la Ligue. La Cange, lieutenant puis prévôt des maréchaux à Sens (plus tard), est royaliste, fidèle à Henri IV. Vers la Toussaint 1590, il s’empare du château de Chaumot, à proximité de Sens, accusant sa propriétaire, Renée Chevalier, dame de La Herbaudière, d’avoir « esté jurer la Ligue en la ville de Sens ». C’est à ce moment-là que surviennent les violences. De quelles violences parle-t-on ? Pillages, viols, etc. La procédure : Renée Chevalier (qui est-elle ?) et les témoins (quel profil ? qui sont-ils ? le rôle de Renée Chevalier, qui affrète un bateau menant de Sens à Paris 57 témoins dont 16 femmes).
Virgule
Un procès exceptionnel ? Un procès qui semble aller à l’encontre de la dynamique d’oubliance voulue par l’édit de Nantes et par les précédents édits de pacification. L’article 86 de l’édit général de Nantes dit pourtant bien que « seullement les cas exécrables demeureront exceptés de lad. abolition, comme ravissements et forcements de femmes et filles, brûlements, meurtres et voleries » commis dans des conditions particulières. Un procès parmi d’autres. De l’intérêt des archives judiciaires pour analyser la politique royale et la manière dont se fabrique la coexistence confessionnelle après 1598. Approche sensiblement différente des historiens des rituels de la violence (Davis, Crouzet, Diefendorf) mais qui rejoint d’autres approches, plus ou moins anciennes (Alfred Soman, Diane Margolf). Le recours au droit et aux tribunaux avant et après 1598. Que dit ce recours à la justice ? Le rôle joué par la justice criminelle dans la pacification (ici la voie judiciaire ordinaire, voir aussi d’autres voies, les commissions de l’édit étudiées par Jérémie Foa). Punir des ligueurs comme des royalistes.
Quels chemins d’histoire pour Tom Hamilton ? De l’article à l’édition de texte et au livre.
