Quatre-vingt-troisième numéro de Chemins d’histoire, deuxième numéro de la troisième saison
Émission diffusée le dimanche 5 septembre 2021
Le thème : Étrusques , étruscologie et étruscomanie, du VIIIe siècle au Ier siècle avant Jésus-Christ
L’invitée : Marie-Laurence Haack, professeure d’histoire ancienne à l’université de Picardie-Jules-Verne, autrice de A la découverte des Étrusques, La Découverte, 2021.
Le canevas de l’émission
Le monde étrusque symbolisé par un visage, celui de Velia Spurinna, portrait reproduit sur la première de couverture, une fresque de la chambre funéraire de la tombe des enfers, site de la nécropole de Monterozzi, près de Tarquinia, dans le nord du Latium, fin IVe siècle avant notre ère ? Que sait-on de cette femme et que cela nous dit-il du monde étrusque ? Courte présentation générale. L’histoire des Étrusques, quelle chronologie et quel espace (l’Étrurie heureuse et au-delà) ?
L’histoire des Étrusques et l’étruscologie, une discipline finalement récente. Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’on passe de l’étruscomanie à l’étruscologie, véritablement. Les études sur les Étrusques s’autonomisent. L’histoire des Étrusques possède sa propre revue (Studi Etruschi, à partir de 1927). Est créée une chaire d’étruscologie à l’université de Rome (1926). Des colloques sont organisés, etc. Le tout, dans un contexte très particulier, celui de l’Italie fasciste. Climat particulier. En 1938 paraît un manifeste de scientifiques racistes (pas d’allusion spécifique aux Étrusques, mais au moins trois signataires ont vanté l’apport culturel et biologique des Étrusques à la prétendue race italienne, Pende, Cipriani et Cogni ; par exemple, Lidio Cipriani, 1892-1962, connu pour ses travaux sur la craniologie des Étrusques, voir p. 152). L’étruscologie au XXe siècle et aujourd’hui, en Italie et en France. Quelques noms de grands étruscologues : Massimo Pallottino (1909-1995), Jacques Heurgon (1903-1995), Jean-René Jannot (né en 1936), Jean-Paul Thuillier (né en 1943), Dominique Briquel (né en 1946), Agnès Rouveret (née en 1948).
Remontons le temps. L’étruscomanie est un mouvement antérieur et puissant. À l’époque moderne. Voir, par exemple, la fascination à l’égard de la tombe du roi Porsenna (VIe s. avant J.-C., Chiusi, tombe décrite en détail par dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien), un roi qui constitue une référence pour les princes toscans de l’époque moderne et plus tard, jusqu’à aujourd’hui (p. 115 et s.). Une tombe qu’on n’est toujours pas parvenu à retrouver. Voir aussi la statue dite de l’Arringatore (p. 315, découverte au XVIe siècle, près du lac Trasimène, conservée au Musée archéologique de Florence, qui représente un homme d’âge mur, vêtu d’une courte toge, levant le bras droit, peut-être plutôt un homme en prière, une offrande votive, une statue dont la photographie a longtemps orné des manuels de latin…). Comment l’étruscomanie s’est-elle manifestée aux époques moderne et contemporaine ? Des fouilles, parfois par les princes eux-mêmes (Gustave VI Adolphe, roi de Suède entre 1950 et 1973, est un « roi-archéologue », passionné par la civilisation étrusque ; voir, plus anciennement, les époux Lucien, prince de Canino, et Alexandrine Bonaparte, au XIXe siècle, des fouilles qui ont alimenté le marché de l’art, grandes ventes de 1834, de 1837, de 1838, de 1840, voir p. 194, chapitre « Les princes pilleurs de Vulci »). Des faussaires : exemple d’un faussaire de génie, Curzio Inghirami (1614-1655), d’une grande famille de Volterra (aurait, par l’intermédiaire de jeunes gens, découvert des sortes de capsule en terre cuite contenant des parchemins couverts d’inscriptions et de dessins, en 1634). Une étruscomanie sous forme poétique (voir les Croquis étrusques de David Herbert Lawrence, l’auteur de L’Amant de lady Chatterley, Lawrence qui visite l’Étrurie en 1927, tout juste après l’achèvement de son grand roman ; les Croquis paraissent en 1932, deux ans après la mort de l’auteur, s’enthousiasme pour la civilisation étrusque). Voir la description des nécropoles de Cerveteri (Latium). Lecture, p. 14, d’après les Sketches of Etruscan Places, 1930 (traduction française par Jean-Baptiste de Seyne, 2010). Les Étrusques sont populaires. Voir par exemple le succès de différentes expositions récentes (Pinacothèque de Paris, en 2011-12, au Louvre-Lens et au musée Maillol en 2013-14, etc.). Les Étrusques dans la filmographie.
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La question des origines et celle de la langue, qui participent au mystère étrusque. La question des origines : un débat ancien (voir les travaux de Dominique Briquel), autour de l’allochtonie ou l’autochtonie des Étrusques. Les Étrusques, des gens venus de Lydie, d’anciens Pélasges, un peuple qui aurait vécu en Grèce ? Denys d’Halicarnasse (au Ier s. avant J.-C.) rejette ces hypothèses et défend l’autochtonie. Le débat est repris plus tard. Encore aujourd’hui, des études fondées sur l’ADN mitochondrial… rencontrent un écho en Turquie. Mais le problème des origines n’a pas été bien posé (voir le livre de Massimo Pallottino publié en 1946). Ce que nous appelons « étrusque » est une combinaison d’éléments indigènes et hétérogènes (p. 214). La langue et l’écriture des Étrusques. La langue, l’alphabet chalcidien, emprunté aux Grecs. Les inscriptions (funéraires et très courtes). Les études consacrées à la langue étrusque.
Les Étrusques, un peuple, des mondes. Quelle unité politique ? La dodécapole étrusque, douze cités-État qui semblent former une alliance lâche. De l’importance de la religion. Orvieto semble être le siège du Fanum Voltumnae. Tite-Live indique, dans son Histoire romaine, que c’est dans un « sanctuaire de Voltumna » que les peuples d’Étrurie ont pris des décisions qui les concernent tous (entre 434 et 289 avant J.-C.). De quoi s’agit-il ? La religiosité des Étrusques. Le panthéon étrusque. L’haruspicine, la science divinatoire des Étrusques : analyser à travers les sacrifices les signes envoyés par les dieux. En particulier, examen et étude du foie des victimes de sacrifices (analyse du dessin du foie en bronze de Plaisance, p. 107).
La société et la place des femmes. Les Étrusques vus souvent comme des débauchés, les femmes libres et émancipées. Qu’en est-il ? L’exaltation du couple et la place des femmes.
Retour à l’art et à la littérature. Retrouver les petits chevaux de Tarquinia (voir le roman Les Petits Chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras, lecture, p. 281). Retrouver les Étrusques aujourd’hui, en France et en Italie.

Lectures complémentaires
Plusieurs ouvrages et articles signés Marie-Laurence Haack sont disponibles à partir de cette page.