Emission 59 : Exil et intimité au XIXe siècle, avec Delphine Diaz, Romy Sánchez, ainsi que Jonathan Barbier, Emmanuelle Berthiaud et Benoît Vaillot

Cinquante-neuvième numéro de Chemins d’histoire, dix-septième numéro de la deuxième saison

Émission diffusée le dimanche 24 janvier 2021

Le thème : Exil et intimité au XIXe siècle

Les invités : Delphine Diaz, maîtresse de conférences à l’université de Reims-Champagne-Ardenne, membre junior de l’Institut universitaire de France, Romy Sánchez, chargée de recherche au CNRS, ainsi que Jonathan Barbier, docteur de l’université d’Avignon et des pays de Vaucluse, Emmanuelle Berthiaud, PRAG en histoire moderne et contemporaine à l’université de Picardie-Jules-Verne, et Benoît Vaillot, doctorant à l’université de Strasbourg et à l’Institut universitaire européen, coauteurs d’un ensemble de contributions intitulées « Dans l’intimité de l’exil », des contributions parues dans le numéro 61 de la Revue d’histoire du XIXe siècle, deuxième livraison de l’année 2020.

Le canevas de l’émission

Propos liminaires sur la Revue d’histoire du XIXe siècle. La RH19, la revue de la Société d’histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, une société fondée en 1904, une revue fondée en 1985, annuelle puis semestrielle (depuis 1996). Objets de la société et de la revue. Organisation et rubriques. L’hommage rendu à Jean-Claude Farcy et à Dominique Kalifa dans ce second numéro de 2020.

La thématique abordée. Ouverture par une image : tableau de l’émigré carliste espagnol José Rodriguez Gil qui montre en 1876 une famille de ses congénères dans la maison de leur nouvelle ville d’accueil, Orléans. Explication et analyses. Aller derrière cette représentation et quelques autres (comme celle de la famille Hugo à Hauteville House, à Guernesey, en 1860, également reproduite dans le volume). La thématique de l’exil, interrogée par les travaux personnels (et collectifs !) des deux invitées (Un asile pour tous les peuples ? Exilés et réfugiés étrangers dans la France du premier XIXe siècle, Armand Colin, 2014 ; Quitter Cuba. Exilés et bannis au temps du séparatisme cubain, PUR, à paraître), par le programme de l’Agence nationale de la Recherche, AsilEuropeXIX (2016-2020, exil politique, vocabulaire, accueil réservé aux exilés, contrôle migratoire a posteriori des migrations politiques), par le programme Famexil (Familles, parenté et intimité en exil dans le long XIXe siècle, un programme financé par l’Institut Convergences Migrations, 2020-2022). Le présent volume prolonge un colloque tenu à Reims, en septembre 2019 (« Exil, genre et famille au XIXe siècle). La question de l’intime, de la famille, du couple, une dimension largement ignorée des migrations contraintes. Réétudier l’exil en couple ou en famille permet de passer le « seuil du privé » et de lui redonner un sens politique. Que cela signifie-t-il ? La sphère domestique empreinte d’un sens politique : quelle politisation de la vie quotidienne et des étapes de l’existence ? Exemple des obsèques des proscrits, à Jersey, par exemple. Cas des obsèques de la proscrite républicaine Louise Julien (1815-1853), discours prononcé par Victor Hugo, qui termine par un « Vive la République universelle » auquel répond un « Vive la République démocratique et social », lancé par l’ouvrier-poète Joseph Déjacque (1821-1865). Comment traquer l’intime (« ce que les personnes souhaitent cacher au plus grand nombre », Caroline Muller) de l’exil dans les archives ? Journaux, mémoires, correspondances, sources de la surveillance. Pour quelle histoire ? Enrichir l’histoire des exils, repenser l’histoire de la parenté. Les multiples reconfigurations des liens familiaux en exil. Au sein du couple ; les liens parents-enfants. Des questions du présent.

Victor Hugo sur le Rocher des proscrits à Jersey, en 1853

Présentation générale, en particulier des communications de Janet Polasky, de Sylvie Aprile et de Thomas C. Jones.

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Avec Jonathan Barbier : la famille Raspail en exil. François-Vincent Raspail (chimiste, botaniste, 1794-1878 ; emprisonné à partir de 1848, exilé en 1853), son fils aîné, Benjamin (1823-1899, peintre et homme politique), condamné après le coup d’État du 2 décembre 1851. Exilés en Belgique. Quelles sources pour appréhender l’exil ? La famille en exil (un père et ses enfants). En retrait de la vie politique ? De retour en France (1862 pour François-Vincent, 1864 pour Benjamin). Comment la mémoire de l’exil se décline-t-elle ? Une mémoire qui renforce le pater familias, François-Vincent Raspail, les enfants Raspail étant plutôt relégués dans l’ombre malgré leurs intérêts respectifs (exemples particuliers de Marie-Apolline, 1836-76, de Xavier, 1840-1926, exilé une première fois avec son père, proscrit dans les années 1870 également, d’Eugène Raspail, 1812-1888, le neveu répudié).

Avec Emmanuelle Berthiaud : un couple (récent, mariage en septembre 1869) en exil, Emile (1825-1913) et Marie-Thérèse Ollivier (1850-1934), un exil dès le 12 août 1870, un exil en Italie, après le renversement du cabinet Ollivier le 9 août 1870, un exil qui dure jusqu’en 1873 (différentes résidences dans le Piémont). Quelles sources ? Un couple tourné vers l’actualité politique française, au moins jusqu’à la Commune. Peu de contacts avec les populations locales. Une vie de retraite et de travail. Comment l’exil est-il vécu ? Une marque d’élection mais aussi un moment difficile pour Emile. Marie-Thérèse, ou la figure de la suiveuse (typologie de Nancy Green, reprise par Sylvie Aprile). Au-delà du couple : le père d’Emile, Jocelyn, né en 1871. L’exil intérieur après l’exil italien. 

Avec Benoît Vaillot : Un article qui concerne l’exil des Alsaciens-Lorrains après la guerre de 1870. Le traité de Francfort (10 mai 1871) introduit une clause d’option confirmative : « Les sujets français, originaires des territoires cédés, domiciliés actuellement sur ce territoire, qui entendront conserver la nationalité française, jouiront, jusqu’au 1er octobre 1872, et moyennant une déclaration préalable faite à l’autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en France et de s’y fixer. » Les Alsaciens-Lorrains face à l’option, de 1871 à 1872 (fièvre de l’option dans les derniers mois de 1872). Sur les quelque 1,6 million d’Alsaciens-Lorrains, près de 280 000 déclarent une option pour la nationalité française, 130 000 le font effectivement. Quelle attitude de la part du gouvernement français ? Qui part ? Qui reste ? Quelles catégories socio-professionnelles ? Quelles générations ? Quelles communautés religieuses ? Pour aller où ? Une solidarité du côté français (aide juridique et matérielle de la part de sociétés de secours, soutien de la part de municipalités). La place des enfants (des mineurs, qui n’ont pas la possibilité d’opter pour la nationalité française, sont exfiltrés avec la complexité du clergé local).

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