Emission 51 : Philippe d’Orléans, Régent de France, avec Alexandre Dupilet

Cinquante-et-unième numéro de Chemins d’histoire, neuvième numéro de la deuxième saison

Émission diffusée le dimanche 15 novembre 2020

Le thème : Philippe d’Orléans (1674-1723), Régent de France

L’invité : Alexandre Dupilet, agrégé et docteur en histoire, auteur de Le Régent. Philippe d’Orléans, l’héritier du Roi-Soleil, Tallandier, 2020.

Le canevas de l’émission

Une figure connue notamment par le film Que la fête commence (1975), réalisé par Bertrand Tavernier, film qui évoque les premières années de la Régence, un tableau fantasmé de la Régence et le portrait d’une France post-mai 1968, un portrait d’un Régent cynique et blasé (sous les traits de Philippe Noiret) pressé de prendre ses distances avec les affaires de l’État pour se consacrer aux plaisirs, un portrait appuyé sur les Mémoires de Saint-Simon, la correspondance de Madame, les diaristes de l’époque, les Philippiques (p. 416-417). Un film avec Jean Rochefort (abbé Dubois) et Jean-Pierre Marielle (marquis de Pontcallec). Retracer une trajectoire singulière (p. 10). Un paria de la cour qui parvient à s’imposer comme régent de France à la mort de Louis XIV. Saint-Simon, son ami : « Je n’ai de ma vie rien connu de si éminemment contradictoire et si parfaitement en tout que M. le duc d’Orléans ». Un nouveau portrait politique proposé dans cet ouvrage, à la lumière de travaux récents. Quelle historiographie ? Une familiarité avec la Régence (« quinze ans de recherches », voir notamment le livre issu de la thèse d’Alexandre Dupilet, La Régence absolue. Philippe d’Orléans et la polysynodie (1715-1718), Champ Vallon, 2011). Quelles sources (imprimées et manuscrites) ?

Portrait de Philippe de Chartres (1689), par Hyacinthe Rigaud (musée de Perpignan), et portrait (posthume ?) de Philippe d’Orléans, par Carle Van Loo (musée d’Orléans)

Jusqu’en 1715. Né le 2 août 1674. Duc de Chartres. Fils (le 3e) de Monsieur, frère de Louis XIV (Philippe) et de la seconde épouse de ce dernier, Élisabeth-Charlotte de Bavière, princesse Palatine. Un brillant sujet ; ses précepteurs (Saint-Laurent, 1680-1687, et l’abbé Dubois). Une éducation qui prend une tournure martiale (voir le portrait de Perpignan, 1689 ou 1690 ? Philippe à 15 ans ?). Baptême du feu à moins de 17 ans, au siège de Mons. De toutes les campagnes militaires, entre 1692 et 1695. Le mariage du duc de Chartres avec Françoise-Marie de Bourbon, Mlle de Blois, fille légitimée de Louis XIV avec la marquise de Montespan, mariage en février 1692. Voir le portrait dressé par la princesse Palatine (citation, p. 75). Les frasques et les aventures peu reluisantes du duc de Chartres. L’oisiveté après 1697, les curiosités (musique et collections) de Philippe. La mort du père. Philippe devient duc d’Orléans, en 1701. Guerre de Succession d’Espagne. Prince de guerre, en Italie et en Espagne, 1706-1708, avec des succès inégaux. Une affaire embarrassante : le duc d’Orléans a-t-il tenté de renverser Philippe V, en 1708 ? Non. Mais une longue période de disgrâce s’ouvre, dans un contexte crépusculaire (après la mort du Grand Dauphin, en 1711, en particulier). Rumeurs d’empoisonnement du duc et de la duchesse de Bourgogne, en 1712.

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En troisième position dans l’ordre de succession (après les ducs d’Anjou, arrière-petit-fils de Louis XIV, et de Berry, troisième fils du Grand Dauphin), après mars 1712, et alors que Philippe V d’Espagne (deuxième fils du Grand Dauphin) a renoncé à la succession. Deuxième dans l’ordre de succession après la mort accidentelle du duc de Berry (en 1714). Le testament de Louis XIV (1714), lequel favorise le duc du Maine et le comte de Toulouse, ses enfants légitimés auxquels il attribue le titre de princes du sang (1715). Après la mort de Louis XIV, Philippe d’Orléans s’impose comme le régent (1715) légitime. Pourquoi et comment ? Les négociations avec le parlement de Paris. La journée fondatrice du 2 septembre 1715. La lecture du testament. Philippe, qui était annoncé comme chef d’un conseil de régence, devient régent. Le testament de Louis XIV n’est pas cassé… mais tous les pouvoirs sont accordés à Philippe. Le duc du Maine est écarté. Volte-face du parlement de Paris dans l’après-midi. La déclaration du 15 septembre 1715 sur le droit de remontrances.

Le pouvoir s’installe à Paris (voir le livre de Laurent Lemarchand et l’émission Au miroir de Clio en date du 28 décembre 2014). La mise en place de la polysynodie, plutôt rapide (Conseil de finances, 20 septembre 1715, Conseil de conscience, 22 septembre, Conseil de la guerre et Conseil de Régence, 28 septembre, Conseil du dedans, 5 octobre). Quels membres ? L’aristocratie au pouvoir ? L’essoufflement des conseils. Accommodement (exemple de l’échec de cette politique, en ce qui concerne l’affaire de la Constitution Unigenitus) et fermeté. Le tournant de 1718. Janvier : renvoi de deux ministres (d’Aguesseau et Noailles). L’été 1718 marque le véritable tournant, les trois coups de force (renforcement de l’alliance anglaise, lit de justice d’août 1718, suppression de la polysynodie en septembre). En décembre 1718, dénouement de la conspiration de Cellamare (avec l’arrestation de la duchesse du Maine, âme de ce complot. Mais doit-on diviser l’histoire de la Régence en deux parties ? La Régence libérale face à la Régence autoritaire ? Les réserves d’Alexandre Dupilet (p. 354).

À quoi ressemble la fin de la Régence ? Tout en contrastes. Une politique étrangère brillante (Guillaume Dubois), chef-d’œuvre de la Régence (alliance avec l’Angleterre, retour vers l’Espagne). L’effondrement du système de John Law. Le retour de la cour à Versailles (juin 1722), la nomination de Dubois comme principal ministre (août 1722), le sacre (octobre 1722) et la majorité de Louis XV (février 1723, fin de la Régence mais pas du rôle politique du Régent, qui récupère le rôle du Premier ministre à la mort de Dubois, le 10 août 1723), la mort du Régent (2 décembre 1723).

Épilogue : un personnage brillant, un personnage qui n’a pu donner sa pleine mesure.

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