Emission 230 : Aux origines préhistoriques de la domination masculine, avec Claudine Cohen

Deux-cent-trentième numéro de Chemins d’histoire, troisième de la septième saison

Émission diffusée le lundi 22 septembre 2025

L’invitée : Claudine Cohen, professeure des universités, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et à l’Ecole pratique des hautes études, autrice d’un livre intitulé Aux origines de la domination masculine, Passés Composés, 2025.

Le thème : Aux origines préhistoriques de la domination masculine

Le canevas de l’émission

Au point de départ du livre, une citation de Simone de Beauvoir, un extrait de Le Deuxième Sexe, voir p. 11. Une question taraude l’autrice : « D’où cette hégémonie [celle des hommes] tient-elle sa raison d’être, sa permanence, sa légitimité ? » (p. 13) Interroger « les racines de la domination masculine » (p. 17). Une enquête au long cours pour Claudine Cohen (voir le livre de 2003, La Femme des origines…).

Une enquête qui s’appuie sur différents modèles explicatifs, à commencer par celui qui est proposé par Charles Darwin (« modèle spéculatif plutôt que récit historique », p. 38, voir le chapitre 1). Modèle imprégné de préjugés sociaux, de classe, de genre (voir cette terrible note de 1838 sur les avantages et les inconvénients du mariage, les premiers l’emportant sur les seconds, terrible citation p. 24, « Une compagne constante (et une amie dans la vieillesse) qui éprouvera de l’intérêt pour moi – un objet à aimer et avec qui jouer – mieux qu’un chien en tout cas »), mais qui aide aussi à penser les origines de la domination masculine (voir le livre La Descendance de l’homme, ouvrage publié en 1871, traduit en français dès 1872, et la question de la sélection sexuelle). Une enquête multidisciplinaire, qui mobilise l’éthologie des Grands Singes, l’anthropologie, la paléoanthropologie, la préhistoire, l’étude des systèmes économiques et des modes de subsistance, l’histoire culturelle politique et sociale des sociétés humaines. Explications. De l’intérêt de l’observation des Grands Singes.

Le désir de dominer, un trait instinctif, inscrit dans la nature masculine ? La question de la domination « par nature ». L’autrice dit : « Parmi les déterminations biologiques couramment invoquées pour rendre compte de la domination masculine, il apparaît que les transformations de la physiologie féminine et la perte des signes perceptibles de l’œstrus d’une part, l’inachèvement de l’enfant d’autre part, ont pu jouer un rôle majeur » (p. 80). Explications. La perte des signes visibles de l’œstrus (l’ovulation est cachée) est une différence de taille par rapport aux comportements sexuels des autres primates. La question de l’inachèvement des enfants, si on ose dire, à la naissance. La question de l’exogamie, reconnue comme l’un des fondements de toute société humaine, une clé pour comprendre les origines des rapports de domination entre les sexes (p. 97).

Virgule

Au fil des époques. Quelles évolutions ? Sortir des discours sur la Préhistoire saturés de poncifs : voir le chapitre 5 qui rappelle que les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs au temps du Paléolithique sont relativement égalitaires. Souligner que les catégories à travers lesquelles les Paléolithiques percevaient et pensaient les relations entre masculin et féminin étaient éloignées de notre conception classique des rapports entre les sexes (conclusion du chapitre 6, lequel revient sur l’art au temps du Paléolithique). La Vénus dite de Lespugue, ou la quintessence des formes.

Le Néolithique et l’émergence des sociétés agropastorales comme un moment où s’affirment le pouvoir masculin et le contrôle des femmes. Les fondements du patriarcat à l’âge du Bronze.

Le dernier chapitre du livre sur la figure du père, en écho au travail de Sarah Blaffer Hrdy (voir le livre traduit à La Découverte).

La Vénus de Lespugue (vers 28 000 ans avant notre ère)