Emission 173 : Photographie ancienne et archéologie, avec Delphine Acolat

Cent soixante-treizième numéro de Chemins d’histoire, quatorzième de la cinquième saison

Émission diffusée le mardi 19 décembre 2023

L’invitée : Delphine Acolat, maîtresse de conférences à l’université de Bretagne occidentale, directrice scientifique, avec Yvan Maligorne, de Ruines méditerranéennes et photographie ancienne, Presses universitaires de Rennes, 2023.

Le thème : Photographie ancienne et archéologie aux XIXe et XXe siècles

Le canevas de l’émission

Lien fort entre photographie et archéologie. Les premiers développements de la photographie sont contemporains de l’émergence de l’archéologie scientifique. Photographie et archéologie sont devenues indispensables l’une à l’autre, car toutes deux cherchent à s’éloigner d’une rhétorique de récit pour traiter de « faits dotés d’une brutalité concluante » (formule d’Auguste Salzmann, fouilleur de la Terre Sainte et de Rhodes), faits dont la vérité se trouve comme révélée par la « preuve photographique » (Maxime Du Camp). Quelques aperçus chronologiques (cadre européen, voir l’analyse de Jean-Yves Marc). Premiers usages de la photographie dans les missions archéologiques, à partir des années 1840-1850. Associations entre photographie et archéologie, en Orient, en Egypte, en Terre Sainte, en Asie mineure, en Algérie. Cela reste limité, et des missions ignorent les potentialités documentaires de la photographie pendant longtemps. Accélération après 1870. Histoire tributaire des contingences techniques (prises de vue, publication). Mariage entre photographie et archéologie est officialisé durant le dernier tiers du XIXe siècle. Place de la photographie dans diverses publications au tournant du XIXe et du XXe siècle, dans des collections de musées. Voir le grand œuvre d’Adolf Michaelis, titulaire de la chaire d’archéologie classique à Strasbourg, devenue allemande au début des années 1870 (la photothèque et son utilisation pédagogique, voir l’article publié par Delphine Acolat dans un volume en ligne édité par Thierry Lefebvre chez CTHS, tout juste paru).

Les éléments du projet (colloques de 2014 et 2015, 22 communications, 26 auteurs, 14 femmes, 12 hommes). Un champ historiographique consolidé ? Types de photographies et d’images (place de la photographie aérienne, voir l’article sur les fouilles de Philippes, en Grèce). Espaces envisagés : quelle Méditerranée ?

Virgule

Plusieurs communications portent sur Pompéi. La communication de Delphine Acolat. Des pionniers amateurs aux studios professionnels. Les premiers daguerréotypes (1841, Alexander John Ellis). Autres exemples. Studios professionnels développent leurs activités à Naples. Corpus examiné : les fonds des studios napolitains (Michele Amodio, Roberto Rive, Alphonse Bernoud, Giorgio Sommer), pas forcément facile à étudier ; ouvrages publiés qui ont utilisé la photographie. Que nous dit cette documentation ? Une disproportion entre les sites (Herculanum et Pompéi). Vues surplombantes et fouilles (la photographie montre-t-elle les fouilles ?). Parcours proposé. Forme d’esthétisation, attrait pour les nouvelles fouilles et le mobilier, évacuation de la présence des morts et la place des morts de 79 (images des moulages de morts).

De l’intérêt et des limites de la photographie ancienne pour l’historien d’aujourd’hui. Une prise de vue de ruines peut aussi montrer autre chose (voir l’article de Jean-Philippe Garric sur le temple de Vesta, à Rome).

La recherche en cours de Delphine Acolat.

Maison de Méléagre à Pompéi, photographie colorisée, par Giogio Sommer, vers 1860-1865