Cent soixante-deuxième numéro de Chemins d’histoire, troisième de la cinquième saison
Émission diffusée le mardi 26 septembre 2023
L’invitée : Anouche Kunth, chargée de recherche au CNRS, autrice de Au bord de l’effacement. Sur les pas d’exilés arméniens dans l’Entre-deux-guerres, La Découverte, 2023.
Le thème : Sur les pas d’exilés arméniens pendant l’Entre-deux-guerres
Le canevas de l’émission
Lecture initiale, p. 7-8. Commentaire. Les duplicatas de certificats d’identité. La découverte des archives avec Aline Angoustures. Les boites Cauchard.
Présentation de la documentation. Certificats émis entre 1929 et 1941, pour la plupart par l’Office des réfugiés arméniens, bureau de Marseille. Ces certificats tirent leur existence des mesures d’exclusion mises en œuvre dans les pays d’origine, en Russie soviétique, dans la Turquie kémaliste ensuite vis-à-vis des Arméniens. Rescapés et réfugiés du génocide de 1915. Après l’espoir de l’avènement d’une Arménie indépendante à l’est de la Turquie, l’affaire est entendue en 1923 et avec le traité de Lausanne, en 1924. Office des réfugiés arméniens, antenne de Marseille. Référence : le décret du 11 janvier 1930, fruit d’un « arrangement intergouvernemental » émis à Genève, le 30 juin 1928 (arrangement qui reprend des résolutions analogues adoptées à Genève en 1926, en 1924 et en 1922). Explications (l’apatridie et l’intégration au dispositif conçu par la SDN pour donner un statut aux dénaturalisés de l’Empire russe puis aux Arméniens). Offices de réfugiés placés sous la tutelle de la SDN tout en s’emboîtant dans les rouages de l’administration du pays d’accueil. Délivrance de « certificats d’identité et de voyage », connus sous le nom de « passeports Nansen ». L’office de Marseille et son organisation.
De l’intérêt des duplicatas (15 boites et 12 000 documents). A partir de 1929 (des milliers de duplicatas ont disparu). Certificats et duplicatas, comparaison. Signes et visages. Photographies d’identité (un « objet passionnant » faisant le lien entre un temps révolu, un temps arrêté et un temps projeté). Empreintes parfois. Les gribouillis et ce qu’ils disent. Tâches, blancs, ratures, points d’interrogation, points de suspension. Les noms et les pointillés. « Une trouée pour l’absence » (voir p. 83). Un énigmatique « territoire du crayon » (Robert Walser).
La méthode et l’expérience historienne. La convocation de nombreux travaux, de références moins attendues (Paul Klee, Saul Steinberg, etc.). La manière de dire son travail (voir par exemple les impressions au sujet des photographies, p. 27-29, la carte imaginée, p. 126).
Virgule
Des certificats au passé perdu. Le duplicata garde la mémoire d’autres papiers que lui, garde la mémoire de « familles » (voir p. 110), de trajectoires d’exil. Diversité des chemins vers le passé perdu : une maison (« Maison 80 », qui surgit au bas d’un acte d’état civil rédigé en osmali, traduit en français vingt ans plus tard pour authentification, ville de Konia, p. 126). Quand le génocide surgit… De quelle manière ? Voir le chapitre « La mort d’un proche dans la mort de masse » (p. 130 et s.)
A Marseille. Un répertoire grand ouvert sur Marseille. Voir le document présenté p. 151. Vers l’Amérique. Les départs dans le contexte des années 1930. Le cas des époux Assarian, p. 178 et s.
L’écriture sonore d’une certaine manière et tout en « sensibilités ») et l’expérience historiennes. Voir p. 145. Sauver de l’effacement ?

Quelques compléments
Anouche Kunth a obtenu le prix Augustin-Thierry 2023 des Rendez-vous de l’histoire de Blois pour son livre Au bord de l’effacement. Parmi les comptes rendus de l’ouvrage, on peut signaler celui de Philippe Artières paru sur le site en-attendant-nadeau.fr.