Emission 153 : Les Man du fleuve Bleu aux époques antique et médiévale, avec Alexis Lycas

Cent cinquante-troisième numéro de Chemins d’histoire, trente-troisième numéro de la quatrième saison

Émission diffusée le dimanche 28 mai 2023

L’invité Alexis Lycas, maître de conférences à l’Ecole pratique des hautes études, auteur de Les Man du fleuve Bleu. La fabrique d’un peuple dans la Chine impériale, Anacharsis, 2023.

Le thème : Les Man du fleuve Bleu aux époques antique et médiévale

Le canevas de l’émission

Quelques repères pour comprendre. La Chine ancienne et médiévale. Nos catégories ne sont pas les plus pertinentes pour appréhender ce que nous qualifions d’Antiquité et d’époque médiévale. L’approche par les dynasties. La période préimpériale, laquelle prend fin au IIIe siècle avant notre ère. Etablissement d’un nouveau cadre politique avec la principauté de Qin (221-207 av. Jésus-Christ). Le premier empire de Qin inaugure la période impériale, qui s’étend jusqu’en 1912. L’histoire des Man s’inscrit dans le premier millénaire de l’époque impériale, et s’achève avec la dynastie des Tang (618-907). Le premier empire de Qin, la dynastie des Han (206 av.-220 ap. notre ère), la période des Six Dynasties (220-589), division longitudinale à partir du IVe siècle, réunification de l’empire sous les Sui (581-618) puis consolidation sous les Tang. Au-delà de la périodisation dynastique classique, ruptures du IVe siècle majeures, déplacements des Jin de l’Est vers le Sud. Autre approche : par les techniques (naissance et essor du papier, développement de l’imprimerie xylographique à la fin des Tang et sous les Song après 960).

Dans ce contexte mouvant, étiré sur un millénaire, qui concerne environ 50 millions d’habitants, prend place la « question Man ». Le terme renvoie aux « populations méridionales insoumises, ni chinoises, ni vraiment barbares, qui tourmentent l’Etat impérial dans les piémonts boisés du cours moyen du fleuve Bleu » (p. 14). Exonyme (parmi d’autres ?). Que signifie le terme man ? Voir p. 97 et s. Quel espace concerné ? Voir la carte p. 30-31. Terme employé, au temps de Marco Polo, pour nommer l’espace des Chinois repoussés au sud par les Mongols qui fondent au XIIIe siècle la dynastie des Yuan (1271-1368, par un splendide détournement). Comment approcher l’histoire des Man ? Ici, une histoire des Man vus par les Hans. Repenser la question de l’altérité. Réfléchir sur la notion de frontières. Travailler sur les mécanismes de la colonisation.

Quelles sources ? Pas de sources émiques. Histoires dynastiques, sources principales. Les sources et leurs auteurs. Retrouver la voix des Man ? « Illusoire prétention » (p. 38) ?

Un travail historien, un travail ethnographique ? Eprouver ce que l’ethnographie fait à l’ethnographe. Rompre la malédiction (travaux sur les Man en France : Edouard Mestre, 1883-1950, et François Martin, 1948-2015).

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Quelques aspects du travail d’Alexis Lycas (1). Situer les communautés man dans l’espace et dans le temps, selon des représentations subtiles et réificatrices véhiculées par les agents gouvernementaux. Un problème majeur vu par Henri Maspero (citation, p. 43). La question ethnique est historiquement totalement négligeable. Les Man du Sud ne sont pas des barbares, ne sont pour autant pas des gens du commun, ni des membres de l’élite, ni des artisans, ni des marchands, etc. Position liminale. Marginalité et périphérie : une différentiation d’ordre géographique. Construction d’une forme d’étrangeté. Ce que nous dit le mythe d’origine de l’ancêtre-chien Panhu, fondateur de la principale lignée des Man de l’intérieur. L’ambiguïté liminale des Man, à la fin du VIIe siècle (Histoire des Sui, extrait de ce traité géographique, lecture, p. 158).

Quelques aspects du travail d’Alexis Lycas (2). Les institutions et les acteurs bureaucratiques de l’intégration des Man dans l’empire. Relations souvent marquées par la violence. La question fiscale, de la vertu de faire bon usage des taxes (voir le récit proposé p. 201). Les acteurs de cette opération de conquête du territoire des Man. Conquérants, gouverneurs, éducateurs en mission. Les Man et les min. Les Man et leurs parcours, mobilités contraintes et volontaires.

Epilogue : la postérité des Man et les chemins d’histoire d’Alexis Lycas.

Détail de la couverture du livre d’Alexis Lycas