Emission 149 :  La Horde, du XIIIe au XVe siècle, avec Marie Favereau

Cent quarante-neuvième numéro de Chemins d’histoire, vingt-neuvième numéro de la quatrième saison

Émission diffusée le dimanche 16 avril 2023

L’invitée Marie Favereau, maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université Paris-Nanterre, autrice de La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde, Perrin, 2023.

Le thème : La Horde et le régime jochide, du XIIIe au XVe siècle

Le canevas de l’émission

L’objet, l’espace et la chronologie du livre. La Horde : « un grand régime nomade, né de l’expansion mongole du XIIIe siècle ». Aux sources de la Horde : Gengis Khan (mort en 1227), qui œuvre à l’unification des nomades (Mongols et autres peuples de la steppe) et fonde le plus grand empire contigu au monde ; Jochi (mort en 1227 ?), fils aîné de Gengis Khan dont l’héritage est également au fondement de l’histoire racontée par Marie Favereau. La Horde : le mot. Orda, terme qui a une longue histoire. Plusieurs sens du terme horde (une armée, un site lié au pouvoir, un peuple dominé par un souverain ou un immense campement) ; la Horde pour qualifier un régime politique ou un pouvoir nomade. Horde dorée et Horde. Khans et khanat. Horde et ulus, ulus Jochi (descendants de Jochi ainsi que tous leurs sujets, nomades et sédentaires). Diversité ethnique de la Horde : précisions (clans pour la plupart d’origine mongole, les chefs nomades ou begs). La Horde projetée sur une carte moderne (Ukraine, Bulgarie, Moldavie, Azerbaïdjan, Géorgie, Kzakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Russie). La Horde, le régime jochide et l’articulation avec les lignages issus des autres fils de Gengis Khan (les Chagatayides, les Ogödéides, les Toluides). La chronologie de référence, du XIIIe au XVe siècle, débuts de l’Etat jochide, apogée et pax mongolica, la période de l’anarchie ou bulqaq, dans les années 1360-1370, les années postérieures (ne pas détailler).

Au cœur du renouveau historiographique. L’historiographie de la Horde a eu tendance à dépendre du positionnement politique et peut-être même de la nationalité des historiens. Un héritage en partage, qui n’appartient à aucun des récits nationaux des Etats concernés. Le livre de Thomas Allsen, Mongol Imperialism, 1987, et d’historiens postérieurs. « Une vision holistique est nécessaire pour comprendre le fonctionnement de l’empire » (p. 20). L’échange mongol. L’influence sur le système mondial. Plasticité : une organisation toujours en mouvement.

La Horde : quelles sources ? Large corpus de sources. Des documents écrits ! Une tradition administrative bien établie. Ordres impériaux, lettres diplomatiques et monnaies ; documents commerciaux. Une épopée de la steppe, mise par écrit aux XVIe et XVIIe siècles, le qari söz ou « le vieux mot ». également, anecdotes sur la Horde et des begs, qui circulaient oralement et qui sont mises par écrit aux XVIe et XVIIe siècles. Le matériel archéologique. Des sources également produites ailleurs (sources arabes sur les relations entre la Horde et le sultanat mamelouk).

Virgule

Quelques aspects saillants du livre (1). Gengis Khan, ses conquêtes et le partage de l’empire entre ses fils. Vers l’Ouest. Vaste mouvement, vers 1210-1240, soit jusqu’en Hongrie. L’extension d’une gouvernance de type mongol sur l’Europe de l’Est et ses modalités. Jochi et son rôle. Jochi voit sa place d’aîné et de successeur attitré sur le trône impérial remise en cause (pourquoi et dans quelles circonstances ?). La mort de Jochi, peu avant celle de Gengis Khan, en 1227. La création de deux ailes de l’ulus de Jochi, placées sous les commandements respectifs des fils de Jochi, Orda et Batu. La Horde blanche, dirigée par Batu, le cadet, et la horde bleue, dirigée par Orda, la première ayant la primauté sur la seconde. C’est tout l’intérêt du livre d’insister sur la place de la horde bleue et de l’ulus d’Orda. Equilibre, entre tradition et innovation, entre autonomie et lien. Dynamiques et liens avec l’Empire mongol.

(2). La Horde se sépare de l’empire dans les années 1260. Entité autonome indépendante du grand khan. Les Jochides assurent leur sécurité économique avec nouvelles alliances (avec Gênes, l’Egypte mamelouke et Byzance), face à l’embargo imposé par Hülegu, le fils de Tolui et petit-fils de Gengis Khan. Conversion de Berke Khan à l’islam : décisive. Le grand échange mongol se déploie sous le règne du successeur de Berke, Möngke-Temür. Troubles et transformations politiques avec la montée en puissance de Nogay, au rôle puissant, qui tente de se faire élire khan après la mort de Möngke-Temür. Le grand échange mongol à son apogée cependant au début du XIVe siècle. Urbanisation et globalisation. Sous le règne d’Ozbek Khan.

(3). Le bulqaq et la fin des Batuides. Années 1360 et suivantes. Nouveau souffle avec Toqtamish (fin XIVe-début XVe s.), lointain descendant du fils de Jochi Toqa Temür. Relations avec Tamerlan (Temür). Evolution du régime jochide.

Les chemins d’histoire de Marie Favereau.

Couverture du livre paru en anglais chez Harvard University Press en 2021