Emission 143 : Une mission catholique féminine au Gabon, 1911-1955, avec Clélia Lacam

Cent-quarante-troisième numéro de Chemins d’histoire, vingt-troisième numéro de la quatrième saison

Émission diffusée le dimanche 26 février 2023

L’invitée : Clélia Lacam, agrégée d’histoire et doctorante à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, autrice de Le Bleu et le Noir. Jeux de pouvoirs dans une mission catholique féminine (Gabon, 1911-1955), Presses universitaires de Rennes, 2023, préface par Anne Hugon.

Le thème : Une mission catholique féminine au Gabon entre 1911 et 1955

Le canevas de l’émission

Aux origines de la recherche. Du master à la publication. Le prix Mnémosyne 2021 attribué au mémoire de master II soutenue par Clélia Lacam. Le livre et sa première de couverture. Le vêtement et l’altérité religieuse (mêmes pièces que les Sœurs bleues mais la coiffe est ouverte et le bleu et le noir se mêlent).

Quelques points de repère. 1- La colonie française du Gabon (faible densité, diversité ethnique et culturelle). Système colonial de plus en plus coercitif (régime de l’indigénat imposé depuis 1900 ; compagnies concessionnaires se multiplient au début du XXe siècle, exploitation du caoutchouc et de l’ivoire). Joug colonial se renforce lors de la Première Guerre mondiale (Cameroun allemand voisin). Régime colonial à son apogée après 1918. Cultures de rente. 2- La présence missionnaire (prêtres spiritains arrivés au Gabon en 1844, appellent les Sœurs bleues de l’Immaculée Conception de Castres en 1849, ordre fondé en 1836, fondatrice Jeanne-Emilie de Villeneuve, canonisée en 2015). Apostolat (soigner les malades, éduquer les filles, « civiliser » et convertir les femmes). En 1911 naît la nouvelle congrégation des Petites Sœurs de Sainte-Marie du Gabon. Présence catholique concurrencée par les protestants (missionnaires américains, français). Epanouissement dans l’Entre-deux-guerres. 1955 : la tutelle des Sœurs bleues sur les sœurs indigènes prend fin, et les Sœurs bleues sont elles-mêmes déclarées indépendantes des spiritains.

Quel objet de la recherche ? « Les jeux de pouvoir au sein de la mission du Gabon, et plus particulièrement sur les transgressions individuelles et collectives des religieuses tentant de s’affranchir d’une double subalternité genrée et coloniale ». Une problématique tributaire de l’historiographie et des renouvellements de l’histoire des femmes et du genre. S’intéresser à l’agentivité des sœurs françaises ou gabonaises sur une quarantaine d’années. Analyser une expérience missionnaire sous l’angle du genre ; « une histoire genrée des religieuses du Gabon ». Explications. Aller au-delà d’une double invisibilité. Mobilisation du concept de subalternité (au sens colonial et au sens genré). Les Petites Sœurs du Gabon s’inscrivent dans une double subalternité féminine et « raciale » – expérience intersectionnelle par excellence. Perspectives subalternes conjuguées à l’approche de genre ont nourri de nombreux travaux, assez tardifs cependant pour l’histoire du Gabon (Rachel Jean-Baptiste, Conjugal Rights, 2014). Historiographie de la mission au féminin : un dernier maillon de cette « historiographie marginale enchâssée ». Sources d’inspiration : les travaux de Sarah Curtis, de Phyllis Martin, de Jean-Marie Bouron (mort précocement en 2018) et de Katharina Stornig.

Quel corpus documentaire ? Lecture d’un document présenté dans le cahier central. Présentation générale. A Castres, à Rome, à Chevilly-Larue (archives de la Congrégation, Val-de-Marne), à Lyon. Sources imprimées. Iconographie.

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Quelques aspects du travail (1). Des obédiences enchâssées auxquelles sont soumises Sœurs bleues et gabonaises sur l’ensemble de la période. Sœurs bleues sont inscrites dans une hiérarchie d’autorités masculines multiples (pape, évêques de Castres, d’Albi et de Cahors, supérieur général des Spiritains, vicaire apostolique du Gabon, supérieurs de stations missionnaires, confesseurs, aumôniers, simples prêtres en mission). Débuts missionnaires chaperonnés. Les Sœurs gabonaises : une congrégation diocésaine et non un institut de droit pontifical. La tutrice des Sœurs gabonaises : la Congrégation des Sœurs de l’Immaculée Conception de Castres.

(2). Quelles stratégies sont-elles déployées par les religieuses pour contourner ces logiques de domination ? D’abord jusqu’en 1940 puis à partir de cette date. Processus d’émancipation de la part des Sœurs bleues. Un climat qui n’est pas toujours serein avec les Spiritains. Quels conflits ? Quels points de discorde ? Après la Seconde Guerre mondiale. « Divorce à l’amiable avec les Spiritains ». Les contrats d’indépendance. Explications. Apprentissage de l’autonomie. Les Spiritains rechignent… Lecture d’une lettre datée de 1952. Du côté des Sœurs gabonaises. Après la Seconde guerre mondiale : une plus grande égalité (érection canonique de leur communauté en 1949). S’appuient sur les pères spiritains. Les religieuses « indigènes » acquièrent de grandes responsabilités au sein de l’œuvre missionnaire gabonaise (mère Cécilia Fatou-Berre, laquelle devient supérieure générale des Petites Sœurs de Sainte-Marie).

Epilogue.

Une classe chez les Sœurs Bleues, au Gabon, sans date
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