Emission 136 : Le vase Chigi (VIIe siècle avant notre ère), histoire et interprétations, avec Matteo D’Acunto

Cent-trente-sixième numéro de Chemins d’histoire, seizième numéro de la quatrième saison

Émission diffusée le vendredi 23 décembre 2022

L’invité : Matteo D’Acunto, professeur associé d’archéologie classique à l’université de Naples-L’Orientale.

Le thème : L’olpé Chigi, un vase de style protocorinthien du VIIe siècle avant notre ère, histoire et interprétations

Le canevas de l’émission

Le vase Chigi, conservé à la villa Giulia à Rome. Présentation rapide. Une olpé, un vase de petite taille (26 cm de hauteur). Qu’est-ce qu’une olpé ? Olpé retrouvée en 1882 dans le tumulus de Monte Aguzzo di Formello, sur le territoire de l’ancienne cité étrusque de Véies, dans la propriété du prince Mario Chigi. Rapide présentation du décor du vase, décor qui fait la célébrité de l’objet, décor disposé sur trois registres horizontaux. Frise ou registre supérieur : rencontre de deux groupes d’hoplites. Sur la frise intermédiaire, on voit des scènes complexes (jugement de Pâris, un char et quatre cavaliers, un sphinx siamois, une chasse au lion avec cinq hommes dont l’un est casqué). Enfin, sur la frise inférieure, est reproduite une chasse au lièvre et au renard menée par des éphèbes.

Le vase Chigi, avec détails des trois registres

Le Peintre Chigi. Quel céramographe ? Où travaille-t-il ? Quel atelier ? L’alphabet non corinthien utilisé, que nous dit-il ? Aryballe MacMillan, Londres, et aryballe de Berlin attribués au peintre Chigi. Les dessins préparatoires de l’olpé. Figures peintes dans une technique polychrome avec un usage abondant et savant d’incisions.

Un programme iconographique cohérent reflétant les divers moments et activités importantes de la vie de l’aristocratie. Comment relier les registres et les scènes ? Système de renvois, explications et exemples. Le programme s’ouvre par la représentation de la chasse au lièvre dans les confins de la cité, une activité qui permet aux jeunes hommes (éphèbes) de se préparer à leur futur rôle de guerriers. Dans le registre du milieu, en position centrale se trouve un char conduit par un aurige, précédant quatre cavaliers, tenant chacun par la bride un second cheval. Une chasse au lion apparait sur la face latérale de l’olpé, séparée de la scène précédente par une sphinge à double corps. La frise supérieure débute avec deux guerriers enfilant leur armure, mais l’essentiel de la place est occupée par l’affrontement de deux armées en formation de phalanges. Interprétations : un contexte aristocratique ; les cavaliers vus avec les hoplites et le possesseur du char comme les symboles d’une société aristocratique corinthienne divisée en trois classes. Comment comprendre la représentation du jugement de Pâris ?

Que nous dit la frise supérieure sur le combat des hoplites ? Détails, tactique, armements. Les deux lances, l’une à jeter, l’autre pour percer, tradition de l’armement « homérique » qui transitionne vers l’armement canonique d’un hoplite. Les boucliers. Le rôle de l’aulète.

Comment rattacher au contexte historique le programme iconographique reconstitué ? Celui-ci reflète-t-il plutôt un programme oligarchique des Bacchiades (famille de la noblesse de Corinthe) ou bien entre-t-il mieux dans l’idéologie de la tyrannie de Cypsélos (tyran de Corinthe au VIIe siècle) ? L’auteur s’oriente plutôt vers une reconnaissance du programme socio-politique des Bacchiades. L’olpé aurait été offerte par un artistocrate ayant des liens commerciaux en Etrurie. Circulation de l’objet.

Note

Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une séquence d’enseignement menée avec une classe de sixième (trois élèves prennent la parole à la fin de l’émission, il s’agit de Félix, d’Aimée et de Léo).

Matteo D’Acunto a publié, en 2013, un livre intitulé Il mondo del vaso Chigi. Pittura, guerra e società a Corinto alla metà del VII secolo a.C., De Gruyter.

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