Emission 135 : Naissance et développement de l’assyriologie

Cent-trente-cinquième numéro de Chemins d’histoire, quinzième numéro de la quatrième saison

Émission diffusée le dimanche 18 décembre 2022

L’invité : Dominique Charpin, professeur au Collège de France, auteur d’un livre publié aux Belles Lettres, En quête de Ninive. Des savants français à la découverte de la Mésopotamie (1842-1975), 2022.

Le thème : Naissance et développement de l’assyriologie

Le canevas de l’émission

Citation d’ouverture, signée Ernest Renan, l’inventeur (en 1859) du terme d’assyriologues pour désignées les spécialistes des écritures cunéiformes, alors attestées en Assyrie. Décryptage. Une étiquette malheureuse. Que désigne aujourd’hui le terme d’assyriologie ? Que propose le livre de Dominique Charpin ? Un livre, fruit d’un cours au Collège de France, centré sur les découvertes effectuées dans les territoires actuels de l’Irak et de la Syrie (l’Iran ancien n’est pas concerné). Une enquête qui ne limite pas aux commencements, avec les péripéties du déchiffrement des écritures. Une étude de la transformation progressive de l’assyriologie en un champ d’enseignement et de recherche autonome dans le champ académique. Avec un accent mis sur ce qui se passe en France et sur le rôle des savants français. Pourquoi ?

Les pionniers. Naissance de l’assyriologie. Quand fixer les débuts ? Des inscriptions cunéiformes ont été copiées avant le XIXe siècle. Premiers déchiffrements au tout début de ce siècle. Le déchiffrement du vieux-perse, le rôle de Henry Rawlinson (1810-1895). Véritable début de l’assyriologie : l’année 1842 et les fouilles de Ninive et de Khorsabad, les explorations qui suivent. Quelles explorations ? Qui est à l’œuvre ? Figures (du côté français, Paul-Emile Botta, Fulgence Fresnel, Jules Oppert, 1825-1905, d’origine allemande, naturalisé Français en 1856, surtout, face à Henry Rawlinson). Le déchiffrement de l’akkadien. Une œuvre collective dans un contexte de rivalités et de concurrences. La journée du 25 mai 1857, que s’y passe-t-il ? Rawlinson, Hincks, Oppert et les autres. Jules Oppert et ses Eléments de la grammaire assyrienne (1860). Le rôle d’Oppert reconnu par Rawlinson (discours au Congrès des orientalistes, Londres, 1874, lecture, p. 74-75).

La découverte du sumérien et de la civilisation sumérienne. Edward Hincks est le premier à reconnaître que le cunéiforme assyrien n’a pas été inventé au départ pour noter une langue sémitique. Débats autour de cette question. Une figure, Joseph Halévy, convaincu que « le sumérien n’a jamais exprimé une langue réelle parlée par un peuple quelconque ». Ce n’est pas un personnage ridicule, c’est un très grand savant, qui maîtrise parfaitement l’akkadien. Veut tirer les Mésopotamiens du côté du monde sémitique. Querelle soldée par les recherches sur le terrain (les fouilles de Tell Loh, Tello, au sud de l’Irak actuel), les travaux de François Thureau-Dangin (et ses Inscriptions de Sumer et d’Akkad, 1905). Les découvertes de la seconde moitié du XIXe siècle remettent en cause des textes bibliques. Date-clé : 1872, présentation par George Smith devant la Société d’archéologie biblique, à Londres, d’une tablette avec une version babylonienne du Déluge (tablette K231 de Ninive, conservée au British Museum, épopée de Gilgamesh). Séisme. Pourquoi ? Division des biblistes, les ecclésiastiques face au développement de l’assyriologie, libéraux et conservateurs.

Virgule

L’institutionnalisation de l’assyriologie, à travers l’exemple français. Les activités d’enseignement. Le rôle méconnu et oublié de la Bibliothèque nationale. Le Collège de France (enseignements de Jules Oppert, à partir de 1869, quels enseignements ? ; la succession d’Oppert et la nomination, au terme de diverses péripéties, de Charles Fossey, alors que le Dominicain Jean-Vincent Scheil, traducteur du code d’Hammurabi, avait été élu…). La Sorbonne, l’Ecole pratique des hautes études, l’Ecole du Louvre, l’Institut catholique. La place des sociétés savantes dans la diffusion des connaissances et des fouilles.

Les découvertes majeures d’Ugarit (fin des années 1920, déchiffrement de l’ugaritique) et de Mari (au début des années 1930). Quelles découvertes, quels acteurs ?

Après la Seconde Guerre mondiale. Renouveau et dynamiques collectives (voir les Rencontres assyriologiques internationales à partir de 1950). Les fouilles. Les outils de travail renouvelés.

Figures d’assyriologues, du XIXe au XXe siècle
Edward Hincks (1792-1866), Henry Rawlinson (1810-1895), Jules Oppert (1825-1905), Joseph Halévy (1827-1917), George Smith (1840-1876), Jean-Vincent Scheil (1858-1940) et François Thureau-Dangin (1872-1944)

%d blogueurs aiment cette page :