Emission 120 : Louise Labé et ses Œuvres, avec Michèle Clément et Michel Jourde

Cent-vingtième numéro de Chemins d’histoire, trente-huitième numéro de la troisième saison

Émission diffusée le dimanche 17 juillet 2022

Les invités : Michèle Clément, professeure de littérature française de la Renaissance à l’université Lumière-Lyon 2, et Michel Jourde, maître de conférences en littérature française à l’Ecole normale supérieure de Lyon, éditeurs, pour la collection GF de Flammarion des Œuvres de Louise Labé, 2022.

Le thème : Louise Labé et ses Œuvres

Le canevas de l’émission

Les Œuvres de Louise Labé Lyonnaise. De quoi s’agit-il ? Un ouvrage publié en 1555 (par Jean de Tournes, sous le règne d’Henri II). Une structure étonnante, qui voit se succéder les « œuvres » elles-mêmes (une épître liminaire, un dialogue en prose, trois élégies et vingt-quatre sonnets) et vingt-quatre pièces poétiques écrites par d’autres « à la louange » de l’autrice. Présentation détaillée de la structure : après l’épître dont la dédicataire est Clémence de Bourges, « débat de Folie et d’Amour » en cinq discours (quel en est l’argument ? ») ; trois élégies d’une centaine de vers chacune ; 24 sonnets, dont le premier est en italien. Lecture du sonnet 8, p. 187 ; un sonnet « aux poètes de Louise Labé » ; « Écrits de divers poètes à la louage de Louise Labé », 23 pièces poétiques en grec, en latin, en italien, en français (la vingt-troisième compte près de 660 vers). Pièces anonymes ou non. Exemple : lecture de la pièce 14, p. 230-231.

Virgule

Qui participe aux Œuvres ? Louise Labé (née vers 1516, morte en 1566) : qui est-elle ? Que sait-on d’elle ? Le portrait de Pierre Wœiriot (1555, p. 339). Louise Charly (ou Charlin, ou Charlieu, dite Labé (ou Labbé), fille et femme de « cordiers » (son père se nomme Pierre, son mari Ennemond Perrin). Insertion de la famille dans la vie civique lyonnaise. Louise Labé au contact du monde italianisé des affaires (les activités financières de Louise Labé auprès de la banque Salviati entre 1552 et 1554 sont connues). Réputation d’immoralité de la « Belle Cordière » (voir mention dans les registres du consistoire de Genève, en 1552 ; voir aussi les attaques de Jean Calvin, depuis Genève, en 1561, pamphlet contre le prêtre et polémiste lyonnais Gabriel de Saconay, texte en latin traduit en français par Théodore de Bèze, en 1566, où est fait mention d’une « paillarde assez renommée, à savoir la belle Cordière », lecture de la traduction du pamphlet, p. 50). Les archives font ainsi plusieurs fois mention de Louise Labé (dont le testament, daté de 1565, dont on possède deux exemplaires). Les autres participants aux Œuvres, participants nommés, désignés par leurs initiales ou anonymes.

« C’est l’existence de […] constructions éditoriales spécifiques et des réseaux humains nécessaires pour les mettre en œuvre et les faire circuler qui a rendu possible la publication des Œuvres de Louise Labé Lyonnaise en 1555 » (p. 31). Explications. La thèse d’une supercherie littéraire (défendue par Mireille Huchon, Louise Labé : une créature de papier, Droz, 2006, Le Labérynthe, 2019, édition des Œuvres complètes de Louise Labé, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2021) ne tient pas compte de ces réalités. Rien n’autorise à dissocier arbitrairement l’identité de Louise Labé et le nom d’autrice qui figure sur la page de titre.

Un féminisme assuré. Lecture, p. 61-62 (premières lignes de l’épître liminaire). Les femmes sont priées, un peu plus loin, « d’élever un peu leurs esprits par-dessus leurs quenouilles et fuseaux » (citation reprise par Natalie Zemon Davis dans l’avant-propos).

Comment lire le livre ? De l’édition GF au site internet.

Portrait de Louise Labé par Pierre Woeiriot (1555)

L’affaire Louise Labé ?

Sur les polémiques qui entourent la personne et l’œuvre de Louise Labé, voir cet entretien avec Élise Rajchenbach, entretien conduit par Sarah Al-Matary pour le compte de laviedesidees.fr (mai 2022).

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