Cent-treizième numéro de Chemins d’histoire, trente-deuxième numéro de la troisième saison
Émission diffusée le dimanche 15 mai 2022
L’invité : Emilien Ruiz, professeur assistant à Sciences Po, auteur de Trop de fonctionnaires ? Histoire d’une obsession française (XIXe-XXIe siècle), Fayard, 2021.
Le thème : Fonctionnaires et fonctions publiques, d’hier à aujourd’hui
Le canevas de l’émission
Une forme d’unanimisme semble se dessiner lorsqu’il s’agit de dénoncer le trop grand nombre de fonctionnaires. On l’observe récemment mais aussi depuis « au moins deux siècles » (p. 15). Quelques exemples plus anciens. Les « 20 000 sots » évoqués par Saint-Just en 1793. Dénonciations du « fonctionnarisme » se multiplient surtout au cours des décennies 1880 et 1890. Lecture, p. 35, extrait de la Revue socialiste, par Charles Beauquier. Quels sont les ressorts de cette dénonciation sous la IIIe République ? La dénonciation du nombre des agents de l’État est une constante sous le régime de Vichy. Quels sont les contours de la dénonciation du nombre de fonctionnaires sous la IVe et sous la Ve République ? Attaquer l’extension des attributions de l’Etat, se focaliser sur des enjeux budgétaires (depuis les années 1990). La campagne de 2017 (François Fillon et Emmanuel Macron). Campagne de 2022 ?
Une dénonciation qui bute souvent sur le réel. Retour sur les définitions et les chiffres. Qu’est-ce qu’un fonctionnaire et combien y en-a-t-il ? En 2018, entre 1,5 et 7,5 millions de fonctionnaires, cela dépend comment on compte (graphique, p. 21). Dans l’épaisseur historique. Voir la figure 6, p. 60 (évolutions statistiques et budgétaires du nombre des agents de l’Etat entre 1896 et 2018). Il y a bien une croissance de l’Etat. Rôle des deux guerres mondiales. La Première Guerre mondiale et Vichy. Après 1945. La rupture des années 1980. Crise du keynésianisme, tournant néolibéral discret (Philippe Bezes). Quelles évolutions depuis 1980 (p. 80 et 197) ? Avec la décentralisation, la place croissante de la fonction publique territoriale, moteur de la croissance de la fonction publique.
Heurs et malheurs des réductions massives. La tendance est à la hausse du nombre de fonctionnaires. Mais il y a eu des périodes de compression. Les politiques menées dans les années 1920 et pendant l’Entre-deux-guerres, aux résultats difficiles à restituer. Après 1945. La réduction de la seconde moitié des années 2000. Sous le mandat de Nicolas Sarkozy, réduction de 90 000 ETP (équivalents temps plein) et un pouvoir d’achat qui diminue. Les promesses perdues d’Emmanuel Macron.
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La question du statut des fonctionnaires et de l’emploi « à vie », un point majeur du débat public. Avant le premier statut général des fonctionnaires (1946). La IIIe République, le statut de 1941 sous Vichy. 1946. La révision de 1959. Le statut refondu en 1983 et la question de la sécurité de l’emploi des fonctionnaires (les exclusions permanentes et temporaires existent, p. 108). La place des non titulaires. Un changement de paradigme depuis 2005 (voir les travaux d’Aurélie Peyrin). Le régime d’emploi public contractuel s’est renforcé (CDI de droit public, loi Sauvadet et ses suites entre 2012 et 2014). Le nombre de contractuels augmente entre 2008 et 2018 (auj.ourd’hui, 1 million de personnes, p. 117). Le rôle des cabinets de conseil (voir Les Infiltrés. Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l’Etat, Allary éditions, février 2022, par Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre ; voir aussi le rapport de la Commission d’enquête sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, rapport signé par la sénatrice Eliane Assassi, mars 2022).
La question de la féminisation de la fonction publique. Résistible ascension au XIXe siècle. De la conquête des bureaux à celle des grades. Disparition des dernières inégalités en droit en 1983. La place des femmes dans les fonctions publiques.
L’écho médiatique du livre
Une revue de presse proposée à l’occasion de la parution de Trop de fonctionnaires ?
