Emission 104 : Une chercheuse face à Tertullien, avec Stéphanie Binder

Cent-quatrième numéro de Chemins d’histoire, vingt-troisième numéro de la troisième saison

Émission diffusée le dimanche 27 février 2022

L’invitée : Stéphanie Binder, chercheuse à l’université Bar-Ilan, en Israël, autrice de Tertullien et moi, Cerf, 2022.

Le thème : Une chercheuse face au parcours et à l’œuvre de Tertullien (IIe-IIIe s. après Jésus-Christ)

Le canevas de l’émission

De quoi ce livre est-il le nom ? Voir la p. 9 : « J’ai eu envie de revenir sur les rapports que j’entretiens avec mon sujet de doctorat, Tertullien ». Genèse de cette « envie »… Qui s’inscrit dans un contexte particulier (ère de la réflexivité, des universitaires cherchent les raisons qui les ont menés à leurs domaines de recherche, une « vague déferlante » aujourd’hui sur laquelle l’autrice ironise un peu). Il s’agit pour l’autrice de s’engouffrer « complètement » dans cette nouvelle tendance (devenue presque conformiste) de « réflexion sur la réflexion ». Lecture 1, p. 28-29.

Tertullien en quelques mots. Reste inconnu du grand public. Né vers 150-160. A Carthage ? Père : centurion dans l’armée romaine en Afrique. Quelle formation ? Conversion au christianisme au début des années 190. Comment se passe cette conversion (aurait commencé à suivre les enseignements des juifs ; aurait reçu sa formation chrétienne dans le cadre d’une Église à tendance judaïsante). Subjugué par le martyre des chrétiens. Devient un combattant du christianisme, par les mots (n’a jamais pris les armes). Quelques textes de Tertullien. Tertullien et les hérésies. Tertullien n’a pas eu l’intention de fonder son propre mouvement dissident : ce sont des interprétations anachroniques. Le tertullanisme.

Virgule

D’où vient cet élan pour affronter les Romains ? Stéphanie Binder voit dans la conversion au christianisme de Tertullien un « outil ». « Il a découvert un moteur et une justification en Dieu dont il se faisait le représentant face à l’envahisseur [romain, en Afrique]. Seul Dieu, plus puissant que tout, pouvait expliquer qu’il se démène et se mette en danger » (p. 60). C’est ici que l’autrice fait le pont avec sa vie personnelle et son enfance (son intégration dans un collège-lycée public parisien à partir de la classe de quatrième, après être passée par une école confessionnelle et son opposition [lutte « sempiternelle et éreintante »] aux cours le samedi, le jour du chabbat, années dont Stéphanie Binder est sortie « plutôt meurtrie, déçue, désabusée et épuisée », au point de quitter la France « pour toujours », et avec des idées assez claires sur la « sacro-sainte laïcité » qui a été « vidée de substance », dérive à laquelle l’autrice oppose la situation en Israël (« où nul ne prête attention à des signes distinctifs qui participent de la normativité quotidienne, tandis qu’ils sont jugés ‘ostentatoires’ en France », p. 63, 72, 65 et 66-67). « Ce sont ces années de bataille [au collège et au lycée] que j’avais à l’esprit quand j’envisageai le cadre de sa conversion [celle de Tertullien] au christianisme » (p. 73). Tertullien face aux Romains et à la romanisation en Afrique du Nord. Lecture d’un passage de la lettre à Scapula, lecture, p. 80-81.

Portrait de Tertullien, XVIe siècle
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